Accompagner les associations dans leur stratégie d'alliance

Les évolutions des politiques publiques ont engagé les associations dans une refonte de leur organisation. 

Dans le cadre de la loi HPST de 2009, des débats ont eu lieu sur la rationalisation du nombre d'acteurs du secteur social et médico-social. 

De 30 000 associations gestionnaires doit-on s'orienter vers 3 000 "opérateurs"?

Nombre d'acteurs associatifs se posent des questions sur cette orientation.

Le secteur sanitaire est toujours précurseur sur ce qu'il va advenir aux autres secteurs de la solidarité. La puissance publique n'a pas hésité, malgré les levées de bouclier des acteurs politiques locaux et des syndicats, pour fermer des sites et construire des ensembles hospitaliers publics plus proches de holding sanitaires que de simples centres hospitaliers à "visage humain". Le pilotage a été concentré mais ne produit pas d'amélioration économique et humaine. Les déficits sont abyssaux et les taux d'absentéïsme de ces établissements inquiétants.

Cette expérience, n'enlève rien à l'idéologie de la macro-organisation voulue par la puissance publique (sans doute s'inspirant des groupes industriels internationnaux). Les visées sont toujours les mêmes: rationalisation et optimisation de la performance des établissements...

Le secteur social et médico-social est donc voué à s'engager rapidement dans cette dynamique afin de construire sa propre holding plutôt que de subir le diktat d'un rapprochement forcé.

Les groupements de coopération, qu'ils soient médico-sociaux ou sanitaires, ont été les formes de partenariat privilégiées. Aujourd'hui, ce dont il s'agit, c'est de regrouper sous la même gouvernance des établissements par territoire de santé (vision des territoires au sens des Agneces Régionales de Santé). Ces nouvelles entités devront couvrir des champs variés (enfance, personnes âgées, personnes en situation de handicap et secteur sanitaire). Ainsi, outre les prestations d'hébergement, celles de services aptes à organiser des "parcours" seront privilégiées. C'est l'option du "presque tout" ambulatoire et... à la carte!

Cette orientation est un défi technique, économique (convergence tarifaire) et humain (flexibilité des salariés et abaissement des compétences à mobiliser sur les gestes quotidiens). Lorsque l'on observe ce qui est à la charge des infirmières et qui relevait avant des seuls médecins, et par cascade ce qui est passé dans le champ des aide-soignants et même des agents de service hôtelier, l'on constate que la vision taylorienne est présente: décomposer les tâches pour que le rapport prestation/coûts de revient permette de dégager des marges.

Les conventions collectives sont, dès lors, des obstacles à la souplesse des organisations. Comment avec des ressources limitées, réaliser des prestations sans repenser les règles salariales, les temps de travail, etc...? L'approche libérale va donc être privilégiée comme elle l'est dans le secteur privé lucratif avec la réussite qu'on lui connaît.

Comment le secteur associatif peut réagir? C'est là tout l'enjeu d'une réflexion stratégique à engager. La non lucrativité entraîne-t-elle la non-rentabilité? La constitution d'une capacité d'auto-financement forte fait-elle glisser le secteur associatif vers celui de l'entreprise marchande? 

Peut-on conduire un projet social à haute valeur ajoutée et respecter les équilibres économiques de toute activité entrepreunariale?

Plus qu'un choc technique, c'est un immense choc culturel qui doit refonder le secteur associatif. L'économie solidaire démontre depuis des années que cette alliance est possible! 

Il est temps que le secteur associatif prenne le train en marche et s'organise pour ne pas subir!